Préparation avant le départ ou en route?

Salut,

La réponse de tdm2023 à ED850 dans le sujet dédié à la suppression - ou non - de son propulseur m'interpelle. Plutôt que de polluer son sujet, je me permets d'en créer un nouveau, en mettant le lien sur ce qui est sa genèse: www.hisse-et-oh.com[...]detrave

Je m'étonne parfois (souvent...) de voir des personnes qui passent des années à préparer un voilier avant le grand départ. J'ai expliqué dans d'autres sujets pourquoi nous étions partis "dans l'urgence", après que j'aie bouffé un peu trop de blouses blanches en deux ans et trois grosses convalescences.

Si je tente de résumer, la préparation, ça a été une visite pré-vente en juillet 2022, une attente de deux mois, le vendeur souhaitant profiter une dernière fois de son bien, une expertise en septembre, l'achat proprement dit fin-septembre, trois mois au chantier, mise à l'au mi-janvier et départ le 25 février 2023.

Au chapitre de la préparation confiée au chantier (à 1000 km de chez moi, je ne pouvais rien faire moi-même), pour l'essentiel:
- un gréement dormant neuf (assurance oblige sur un bateau de 16 ans)
- changer toutes les vannes par des Randex
- un safran neuf (osmosé et mèche corrodée)
- joint du sail-drive et révision moteur
- hydrogommage de la coque et nouvel antifouling
- un enrouleur neuf Pro-Furl en lieu et place de celui d'origine

Le chantier n'ayant pas changé rail et chariot d'écoute de GV comme je l'avais demandé, nous avons dû faire faire cette modification à Sada un mois après le départ, suite à l'explosion du chariot d'origine (un Lewmar en 22mm, sous-dimensionné).
Remplacé par un Selden en 30mm et secondé par un Walder 403H.
Dans la foulée, nous avons changé toutes les ampoules du bord par des LED.

Après une saison à tourner à entre Canaries et Madère, les modifications suivantes paraissaient cohérentes, même si pas indispensables:
- un 2e pilote (EV-100) en backup, l'écran LCD du Simrad devenant illisible
- un hydrogénérateur Watt&Sea, les panneaux solaires (2x8W) étant un peu faibles en nav', surtout la nuit
- un 3e paire de winchs dont un électrique à droite
- des bloqueurs mobiles sur le rail du foc autovireur
- une nouvelle annexe avec moteur HB électrique

Les enseignements de la seconde saison à tourner entre Agadir et Canaries nous amenaient à modifier:
- la baille à mouillage (nouvelle ergonomie et guindeau de 1000W)
- des panneaux solaires plus puissants (2x190 au lieu de 2x80W) sur des tubes inox plutôt que les filières en câble
- un nouveau pilote NKE pour remplacer le Simrad
- un convertisseur 12/220 de 1500W
Au chapitre des réparations, 2025 nous aura vu remplacer:
- l'alternateur grillé
- le chauffe-eau, désormais monté avec des vannes
- le coude d'échappement et la pompe à eau

C'est à la fois beaucoup, mais pas trop étonnant sur un voilier qui va sur ses 19 ans. J'ai vu à l'usage ce qu'il convenait de faire vraiment et dispose d'un bateau cohérent avec l'usage que j'en fais, avec même la possibilité de recharger la batterie du moteur d'annexe au mouillage.

Bref, je ne prétends pas détenir la vérité, mais je pense que les voyageurs pas trop pressés pourraient se permettre de partir avec une préparation moindre, quitte à voir en chemin ce qui doit encore être fait. Jusqu'au Canaries, il n'est pas trop difficile de se faire livrer des pièces, même si cela se solde par une plus ou moins longue attente.
Je ne suis pas loin de penser qu'une préparation à terre, aussi bonne et complète soit-elle, ne dispensera pas de "surprises" une fois sur l'eau.

Alors, longue préparation à terre ou modifications en route?

Amitiés,
Jef

L'équipage
30 nov. 2025
30 nov. 2025

@"Je ne suis pas loin de penser qu'une préparation à terre, aussi bonne et complète soit-elle, ne dispensera pas de "surprises" une fois sur l'eau."

Je pense pour ma part que les surprises en question sont la plupart du temps liées à la complexité technique des bateaux, c'est d'ailleurs ce qui ressort de ton post. Attention c'est pas une critique, et chacun navigue avec le bateau qui lui convient, de la manière qui lui convient, mais je pense qu'on est tous marqués par la façon dont on a débuté, et perso j'ai débuté avec un petit bateau simplissime avec quasiment rien en équipement, je n'ai donc eu aucune surprise et ma préparation s'est limitée à un contrôle strict de ce que je considérai comme étant le plus important avant de partit en croisière lointaine, à savoir le gréement, les appendices, et l'ensemble de la structure.

A contrario si on doit partir avec un bateau très sophistiqué en équipements, je suis de ceux qui sont partisans d'une préparation très poussée avant le départ, car si une chose m'a toujours emmerdé une fois parti c'est de sortir ma caisse à outil.


30 nov. 2025

je pense aussi de quoi tu tars et quelle est ton degré d'acceptation.
Mes parents ont partis en vacances. A la fin des vacances, mon papa a dit "je ne veux plus rentrer" et ma maman est rentrée vendre en 3 mois tous leurs biens pendant qu'il l'attendait aux Canaries. Il ne sont rentrés que 6 ans plus tard et le bateau n'avait eu aucune préparation initiale.
Sur mon premier petit bateau, un Shellfish, j'ai mis une Navik et rien d'autre. J'avais mon sextant, ma montre, mes éphémérides et tables de log.
Sur l'Evasion 37, on a acheté aux Antilles, mis une Sailomat et partis.
Sur notre bateau actuel, lorsque mes parents ont arrêté de vivre à bord, en 2015, on l'a nettoyé. repeint, isolé, mis le chauffage et partis.
Je crois que des bateaux de série sont beaucoup plus aptes à naviguer qu'on ne croit dans l'état ou ils sont. Les changements de gréements, de vannes, d'équipements à chaque tours de l'Atlantique me paraissent souvent excessifs.


30 nov. 2025

ED850 je suis entièrement d'accord avec toi :)
Je navigue sur un bateau de plus de trente ans sur lequel, depuis 10 ans que je navigue avec, je n'ai quasi rien ajouté sinon éolienne et panneaux solaires.
Je pense aussi que pour beaucoup "Grand voyage" veut dire gros équipements, doublons et spare de toute sorte. Un bateau qu'on connait parfaitement, bien entretenu et soigné permet de naviguer loin et longtemps
Fañch


01 déc. 202501 déc. 2025

Par fois travailler sur le bateau en métropole, est plus simple qu'à l'étranger en tout cas ça rassure, sur la route on a croisé beaucoup de gens avec des bateaux acheté dans l'état et partis directement qui ont passé leur temps a bricoler pendant que nous on baladait...

Alors oui je pense que certaines vérification importantes s'imposent avant un départ tant qu'il est facile de le faire autant en Profiter!

Après comme souvent tout dépend du confort que l'on souhaite a bord ..

Notre bateau a l'achat n'était vraiment pas prêt a partir avec nos critères de confort... On avait des amis et des connaissances dans certains domaines alors ça nous a paru évident de faire certain travaux (beaucoup) proche de la maison...

Ceci dit une fois la chek liste a faire en métropole terminé nous sommes parti ... Et avons continué a améliorer le bateau au grès des occasions sur la route ... Nous avons eu une belle galère de gréement aux Antilles... Depuis rien de méchant ... La vie d'un bateau !

Tout dépend du bateau qu'on achète ! Mais le nôtre n'était pas prêt a partir par exemple ... Certaines vannes étaient d'origine complètement rose ... D'autres bloquées ... Le tube d'etambot corrodé au point de fuir ....
Le teak du cockpit nous consommait un maillot par mois tellement il laissait les tête de vis apparaître .. les voiles en membrane partaient en lambot ...
Et je ne parle pas du côté électrique ou il y avait des raccord de raccord de partout avec des câbles sous dimensionné...

Résultats une année de travaux..et en une année de voyage notre seule panne a été un feu de nav dont la connexion était oxydé...

Aux Antilles on a amélioré le bateau petit a petit au grès des opportunités.. puis on a fini de cocher des cases de la todo liste qui étaient là depuis plus de 2 ans...

Des galère on en a eu avant de repartir de Martinique après presque 3 ans de vie a bord .. Tout a été réglé en deux mois ... Nouveau pilote, nouvelles cadènes, nouvelles bagues de safran (nouvelles vannes déjà bloqué malgres l'achat de bronze 3 ans plus tôt) et zouuuu
Seule casse ou soucis en 7000milles un spi en plein millieu du Pacifique...

Depuis ... C'est au tour de nos batterie de rendre l'âme, on s'octroie du confort en plus on passe au lithium de chez Victron... Là encore en métropole l'installation m'aurait coûté 2200€ ici 3800€....

Bref la préparation c'est souvent un gros débat ici ..
Mais tout dépend des gens et du bateau...
Il y a des gens qui se contentent de peu et tombent sur un bateau apte a vivre ... Et d'autre qui tombent sur des bateaux limite dangereux au large ... Et la dire qu'il faut le préparer sur la route c'est se tirer un balle dans le pied ...
Je le répète... Beaucoup d'amis qui ont acheté le bateau et sont partis sans gros check on passé leur temps a bricoler ... C'est un choix ... Mais souvent ca se solde par un raz le bol.

Puis avec l'explosion que la plaisance a connue il y a des dizaines d'années, il y a beaucoup de bateaux abandonné... Vendu souvent pas très cher à des gens comme nous mais qui nécessite vraiment un gros coup de travaux pour être a minima sécu ! D'où le fait d'entendre de plus en plus le projet de préparation !!

Puis c'est comme tout si t'as les moyens et que tu veux un truck a bord de ton bateau pourquoi t'en priver?

La préparation c'est avant de partir, 🤣
Pendant on parle de l'entretien ou de l'amélioration!


BWV 1068:+1 👍·le 01 déc. 09:22
ED850:Il y a aussi une grande part d'affectif ou d'anxiété. Les copains qui bossent beaucoup, qui ont beaucoup préparé, qui vont beaucoup dans des lieux ou ils peuvent se faire envoyer des pièces, qui ont toujours un truc qui casse ont quand même de fortes similitudes tant comportementales que de type de bateau. Souvent très équipés, plutôt neufs et rapides, voilés et peu tolérants. Ils sont souvent experts en matériel de haut de gamme et je pense qu'ils ressentent un certain plaisir à cet équipement.Oui, je pense que c'est plus une question de ressenti que de besoin réel.·le 01 déc. 10:44
gorlann29:Et voilà encore ED et BWV qui sont d' accord... çà devient louche!!! Au fait... j' suis aussi d' accord.·le 01 déc. 10:50
ED850:Moi, je suis souvent d'accord avec BWV. C'est lui qui n'est pas d'accord avec moi😁;Mais là, pas vraiment. Je pense que ceux qui préparent beaucoup sont les mêmes que ceux qui bossent et dépensent beaucoup en cours de route. C'est un mélange d'anxiété et de plaisir d'avoir un bateau très équipé et nanti des dernières innovations et on a des copains chez qui ça n'arrête pas, alors que je me serais tout à fait contenté des équipements initiaux de leur bateau, déjà bien supérieur à ce qu'on a. ·le 01 déc. 10:59
BWV 1068:Tsss tsss ED : On pourrait convenir de ne pas être d'accord, mais alors je serais simplement préoccupé par le fait que tu as tort, doncJuste pour le plaisir de l'argumentation, désaccordons-nous... 😏😬·le 01 déc. 12:05
gorlann29:Un musicien qui veux se désaccorder?·le 01 déc. 12:05
01 déc. 2025

Ça dépend beaucoup du projet.
Sur un tour Atlantique, on peut améliorer ou se dépanner facilement pratiquement partout. Encore faut-il avoir du temps devant soi (je sens déjà les regards condescendant pour les sab..saba… non, rien).
Dans les zones froides ou le pacifique ça devient vite plus compliqué.
Il est essentiel de partir avec un bateau sain, je n’imagine personne se dire que l’inverseur est naze mais on part quand même et on aura bien le temps de le réparer en route, ou que ce sertissage douteux, ben c’est pas grave on verra à Las Palmas…
J’ai un 45 plus complexe que le précédent : 24v, propulseur (because bi-safrans), plusieurs sources de charge. L’essentiel des équipements non indispensables a pour objectif de nous rendre le plus autonome possible. Mais je ne vais pas m’arrêter en route si un panneau solaire a pris un jeton, si mon spi est HS, ou si l’hélice du watt & Sea est morte. Et même si on n’a plus de jus, on se débrouillera. Devoir revenir aux basiques ça remet les choses en perspective. Seul un problème lié à la sécurité justifie de s’arrêter .

BWM, tu as indiqué que devoir sortir la caisse à outils en croisière ça te gave. De mon coté, partir en grand voyage sans savoir et même aimer bricoler, je trouve cela incompatible. C’est inhérent au grand voyage. Tous les $$$ du monde n’y changeront rien. Il m’arrive souvent de bricoler un truc en navigation quand les conditions sont cool, ça fait partie du jeu et du plaisir de naviguer.

Je me souviens, une fois tout tout tout a fonctionné parfaitement pendant 10 jours. C’était il y a bien longtemps, et je ne crois pas que je connaîtrait de si tôt ce moment qui est presque inquiétant 😉


BWV 1068:Ah mais Maban, j'ai dit que bricoler en croisière, ça m'emmerde, ça ne veut pas dire que je ne sais pas faire, et je te précise que j'ai quasiment toujours tout fait sur mes bateaux, et j'ajoute aussi que peut-être grâce à des préparations soignés je n'ai eu aucunes emmerdes, ou si peu, sur mes bateaux en navigation et même aux escales. ·le 01 déc. 13:56
ED850:Eh M... J'aime pas non plus bricoler. Surtout aux escales. On profite souvent des traversées pour faire des petits trucs. Vidange du moteur, vernis, peinture etc... Mais notre bateau demande peu d'entretien. Par contre, hors tour Atlantique, il est souvent moins cher de s'approvisionner ailleurs qu'en Europe. En prévision de la Guyane et de ses fleuves, on a acheté notre petit HB Parsun à 500€ à Las Palmas, fait faire un Génois à 1950€ rendu USA à Hong Kong. Changé notre literie à Cartagène pour $100 ... On trouve des petits chantiers au Mexique ou en Asie qui te refont ce que tu veux à $5/h d'artisan.·le 01 déc. 14:08
Meaban:BWM Je ne doute pas que tu sais faire. Je voulais souligner que partir en grand voyage sans savoir bricoler, même mal, ce n'est simplement pas possible. On en voit certains qui passent leur temps à attendre des pièces, à espérer que le mécano local va passer la semaine prochaine, etc...Les champions du vendée globe m'interpellent : ils sont stratifieurs, voiliers, experts en réseaux, mécanique, hydraulique, mécanique des fluides, énergie, gréeurs, informaticiens...Tout ça dans 35 noeuds de vent. C'est comme ça qu'on gagne.·le 01 déc. 20:20
BWV 1068:Là je suis d'accord avec toi ,ne pas savoir bricoler quand on veut naviguer, à fortiori en grande croisière, c'est juste impensable, mais on n'est pas forcément obligé d'aimer ça... Pour préciser, chaque navigateur digne de ce nom doit être capable de régler un gréement , être capable de faire ce qu'il faut en cas de démâtage, être capable de démonter un winch, de faire une purge de gazole, remplacer un rouet de pompe par 2m de creux, faire une strat basique, et mille autres choses, et si on ne maîtrise pas les bases du bricolage, si l'utilisation d'une pince étau parait compliquée, alors il vaut mieux faire autre chose que du bateau sauf à faire des ronds dans dans l'eau devant son port d'attache. Cela dit, quand je navigue j'aime bien profiter de la navigation et aussi des escales sans être contraint de sortir la caisse à outil ce qui me gâche le plaisir, c'est pour ça que je préfère passer du temps à bien préparer mon bateau avant pour être tranquille après., mais évidemment on ne peut pas tout maîtriser, je suis d'ailleurs très loin d'être dans ce cas, et puis chacun fait comme il veut.·le 01 déc. 20:50
Meaban:On se rejoint. Il y a des bricolages que j’aime pas faire…comme déboucher les chiottes.·le 01 déc. 22:41
01 déc. 202501 déc. 2025

Je n'ai pas de théorie bien établie sur la question. Et j'ai déjà raconté en bref notre parcours dans le fil cité par le posteur original. Mais je peux néanmoins relater une expérience.

L'an dernier, de septembre 2024 à Juillet 2025, nous avons passé 10 mois non-stop en Tunisie avec nos trois enfants. On a sorti le bateau dans un port essentiellement de pêche, à côté de Bizerte. Le bateau était dans le terrain de Brahim. Brahim a gentiment poussé les meubles dans son "local" pour qu'on y crêche avec nos marmots.

Très vite on a pu mettre les 2 grands à l'école (niveau maternelle). Au début ils étaient un peu perdus mais très vite ils ont appris des rudiments d'arabe et rapidement c'était comme des poissons dans l'eau. Pour le plus petit qui n'avait que 1 an, on a eu plus de mal à trouver une solution, mais on a finalement trouvé une nounou, qui s'appelait Nour et qui s'occupait très bien de lui.

Tous les matins, je partais à vélo avec mes trois enfants : le grand sur le porte bagage, la moyenne debout sur le cadre entre les jambes, et le petit dans un sac à dos porte-bébé. Heureusement c'était plat. Les jours de grosses pluie, on prenait un taxi pour 2 dinars.

Ensuite, pendant la journée, avec ma compagne, on s'adonnait au plaisir des travaux. On connaissait tout le monde sur le port, et tout le monde nous connaissait : avec nos trois minots, on passait pas inaperçus. Au bout de quelques mois, on était en place, on savait où trouver quoi, comment négocier, le midi on avait nos cantines. Beaucoup d'entraide, beaucoup de débrouille. On a énormément appris.

Une chose essentielle que j'ai apprise là-bas et qui a valeur de changement de paradigme est dû à une raison simple : là-bas, pas d'Amazon, pas d'ali-express, et d'une manière générale, pas de livraison depuis l'étranger (sauf à s'arranger avec des étrangers qui viennent en avion, mais c'est l'exception qui confirme la rêgle). En France, quand j'avais un problème, j'essayais d'identifier la pièce, puis je cherchais sur Internet pour la remplacer. En Tunisie, tu ne fais pas ça : tu démontes ta pièce, puis tu vas voir quelqu'un dont tu penses qu'il pourrait t'aider ; lui ne pourra pas t'aider, mais il va te donner le contact de quelqu'un qui lui saura mieux, et ainsi de suite jusqu'à ce que de fil en aiguille tu trouves l'artisan qui a le savoir-faire et les outils pour te réparer, ou te refaire ta pièce. Chemin faisant - au lieu de cliquer sur ta souris - tu es dans l'humain, tu rencontres, tu apprends.

En 10 mois de chantier, on aurait pu être plus efficaces si on avait été plus compétents ou plus fortunés. Mais on a quand même réussi à faire pas mal de choses : baille à mouillage, maintenance du puits de dérive, modifications de l'aménagement intérieur, installation d'un poêle avec radiateurs, reprise complète des oeuvres vives, etc.

Mais surtout on a énormément appris. Brahim nous laissait utiliser ses machines pour le travail du bois. On a fait nos premiers pas avec de la fibre. Pas mal de soudure et de travail de l'inox. Nos voisins construisaient des bateaux de pêche en bois à l'ancienne. Ceux d'à côté des thoniers en acier.

Mais surtout surtout, pendant ces 10 mois, on a été accueillis au sein d'une culture étrangère qui maintenant est inscrite en nous. Certes, on n'a pas pris le temps de faire beaucoup de tourisme à proprement parler. Mais on a égorgé le mouton pour l'Aïd, on était à la fête de l'école avec nos gamins déguisé en habits traditionnels, on a partagé la vie quotidienne avec les pêcheurs et les artisans du port, les douaniers, etc.

C'était un peu "sauvage" quand même de vivre au milieu du chantier. Là-bas, c'est pas Navy-service. C'est blindé de chiens errants - très gentils au demeurant (ou plutôt craintifs en fait, faut dire que de temps en temps ils viennent en supprimer quelques uns à la carabine). Ca ressemble à moitié à une décharge. Tu vis au milieu des meuleuses et des coups de marteaux du matin au soir (et même la nuit pendant Ramadan). Tu respires de la bonne poussière de polyester, ou directement de la peinture (ils attendent pas que le vent tombent pour peindre au pistolet). Et faut pas avoir peur que le petit mette les doigts dans le minium de plomb, il y en a partout...

Bref, pour en revenir au thème du fil, et en guise de conclusion, on voit qu'ici le travail sur le bateau ne se fait pas à l'exclusion du voyage et de la découverte, bien au contraire, il en est ici le fil conducteur. C'est ce que je disais à ma femme, en rigolant à moitié : "en fait, on n'a qu'à voyager de chantier en chantier"...


PAOPAO29:Très beau retour !!·le 01 déc. 22:50

Phare du monde

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2022